jeudi 12 juillet 2007

Les "crédits santé", un pas de plus vers la marchandisation de la santé

Après le crédit immobilier ou le crédit automobile, un nouveau type de crédits à la consommation fait son apparition, les "crédits santé", pour financer soins dentaires ou lunettes, au risque d'accentuer "la marchandisation de la santé", s'inquiètent des associations.

Après le crédit immobilier ou le crédit automobile, un nouveau type de crédits à la consommation fait son apparition, les "crédits santé", pour financer soins dentaires ou lunettes, au risque d'accentuer "la marchandisation de la santé", s'inquiètent des associations.
L'assureur Swiss Life, numéro cinq en France sur l'assurance santé complémentaire, a été le premier à lancer fin juin un crédit santé, baptisé "Swiss crédisanté", en partenariat avec l'organisme de crédit Sofinco.
Il "permet à nos clients de financer les dépenses de santé restant à leur charge après le remboursement de la Sécurité sociale et de leur complémentaire", explique à l'AFP sa chef de projet, Véronique de Galbert.
"On cible les soins pour lesquels il y a un reste à charge important, comme les soins dentaires, l'optique ou les prothèses auditives, que les assurés remettent souvent à plus tard car cela coûte très cher", souligne-t-elle.
Concrètement, il s'agit d'un crédit renouvelable, pouvant aller jusqu'à 4.000 euros, remboursable à un taux d'intérêt effectif global (TEG) de 5,90%, avec des mensualités de 20 euros par tranche de 500 euros emprunté.
"L'objectif n'est pas d'endetter nos clients, mais qu'ils puissent se soigner sans attendre", assure Mme de Galbert.
Le groupe de prévoyance AG2R vient aussi de se lancer sur ce marché, également avec Sofinco, en proposant un crédit renouvelable, couplé avec sa nouvelle complémentaire santé "Flexeo Santé" ciblée sur les seniors.
"Prima Crédit Santé" est une réserve de crédit renouvelable de 750 à 7.500 euros, "en cas de dépenses imprévues ou pour se faire plaisir", remboursable avec un taux révisable (TEG) de 12%.
L'organisme de crédit Cetelem propose enfin un crédit "Santé Bien-être" pour financer "soins dentaires, besoin de lunettes, cure en thalassothérapie, ou encore chirurgie esthétique", explique son site Internet.
Ce prêt s'élève de 4.001 euros à 40.000 euros, pour un taux de 3,9% à 8,9%, selon le montant et la durée du crédit (exemple: un crédit de 5.000 euros sur 2 ans aura un taux de 8,2%).
"Ce type de crédits, c'est un pas de plus vers la marchandisation de la santé, c'est catastrophique", dénonce Jacques Mopin, administrateur en charge de la santé à l'UFC-Que Choisir. "Vous avez du mal à payer vos vacances, prenez un crédit, vous avez du mal à payer votre toubib, prenez un crédit..."
"Il serait assez dramatique que des gens se retrouvent surendettés parce qu'ils ont des crédits sur le dos pour payer des soins", souligne-t-il, rappelant que "les crédits consommation et revolving sont les principales causes de surendettement".
"On ne peut pas considérer comme acquis que les restes à charge pour les malades sont normaux, et que c'est au particulier de se débrouiller pour y faire face, quitte à s'endetter", ajoute M. Mopin.
Pour Marc Morel, directeur du collectif d'usagers de la santé CISS, "le problème de fond, ce n'est pas que les assureurs ou les banques proposent ce genre de crédits, mais c'est qu'on soit amené à devoir mettre ce type de produits sur pieds" parce que "les restes à charge ne font qu'augmenter, même pour les gens qui ont des mutuelles".
"Le dentaire et l'optique ne sont pas des produits de luxe, et instaurer de tels crédits accrédite encore plus l'idée que ces soins ne doivent plus être pris en charge par l'assurance maladie, mais reposer sur les personnes", dénonce-t-il.

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